Mon expérience au Raid des Alizés
Je venais d’enchaîner en l’espace de deux mois un déménagement, un road trip au Portugal, dix jours au Maroc (pour du surf et un mariage), deux allers-retours au pays basque (pour du surf et un mariage !). Je disais justement à mes proches que je voulais seulement me poser un peu chez moi lorsque…
… le 13 novembre dernier à 13:24 je recevais un message d’Ophélie (David, championne du monde de ski cross ):
« Hello Laura ! J’ai été invitée au Raid des Alizés du 26 novembre au 2 décembre. Une des filles de l’équipe s’est désistée hier… Serais-tu partante si tu es libre ? Pardon, c’est à l’arrache. A bientôt j’espère, bisous, Ophé. »
Face à ce message qui me prenait de court, j’avais deux choix : rester dans ma zone de confort en refusant de m’exposer à la difficulté, ou suivre mon instinct et foncer tête baissée, tentée par l’expérience humaine qui s’annonçait inoubliable, tout en étant parfaitement consciente que je n’avais pas le niveau physique pour un tel raid…
Pourquoi y participer ?
Participer au raid des alizés, ça a été pour moi l’opportunité de découvrir un peu plus qui j’étais, de quoi j’étais capable, et vers quoi je voulais aller.
Le niveau physique c’est quoi ? Finalement rien, en comparaison au niveau auquel le mental est prêt à repousser ses limites, à les découvrir. Je ne le comprendrai que plus tard, mais plus d’entraînements auraient été inutiles. Je participais à ce raid des alizés justement pour explorer mes limites, m’explorer moi, cette nouvelle personne que je devenais après le sport de haut niveau. Vivre cette aventure, ça a été pour moi l’opportunité de découvrir un peu plus qui je suis, de quoi je suis capable et vers quoi je veux aller.
En rationalisant, j’avais autant de motivations encourageantes que décourageantes pour suivre Ophé dans cette aventure. Comme il lui fallait une réponse rapide, j’ai choisi de suivre mon instinct : j’ai foncé.
En participant à ce raid, je ne venais pas chercher des réponses particulières ou concrètes, je venais vivre une expérience humaine, du partage, des émotions. J’ai dit oui pour me sentir vivre, me sentir exister grâce aux épreuves pour lesquelles je me savais très mal préparée. Paradoxal hein ?
Je m’attendais à vivre une expérience riche en émotions, mais pas à ce point… J’ai eu la chance de nouer des liens uniques avec Nathalie & Ophélie, des personnes aussi uniques qu’incroyables. Elles m’ont nourries de tellement de force, de lumière et de douceur que je ne leur en serais jamais assez reconnaissante. Ce sont elles qui m’ont permis d’aller au bout de moi-même et d’explorer de nouvelles limites.
Encore hier, à cause de mon entourage d’athlète de haut niveau, je pensais que je n’étais juste pas/plus capable de faire du haut niveau, que je n’avais pas ce qu’il fallait, que je n’étais pas à la hauteur.
Lorsque j’ai décidé d’arrêter le plongeon en avril dernier, c’est parce que je ne m’estimais plus capable de continuer. J’ai beaucoup cogné sur ma confiance et mon estime de moi en prenant cette décision. Je me suis achevée en donnant raison à tout ceux qui m’avaient fait me sentir trop faible, trop fragile, trop sensible pour y arriver.
Être capable
Après avoir franchi la ligne d’arrivée des 17 km (@raidalizés : rééllement 17 km ??) de trail dans la montagne Pelée, après ma PLS, après des larmes… Bref après bien des choses, une réponse inattendue m’est apparue très clairement : j’étais venue me prouver que j’étais CAPABLE, qu’ensemble, NOUS ÉTIONS CAPABLE, nous avions une force bien plus importante que ce que l’on m’avait autorisé à croire. Pour avoir discuté avec beaucoup d’Alizés, avoir assisté à de nombreuses arrivées plus émouvantes les unes que les autres, je crois que je ne suis pas la seule…
Réaliser cela, le laisser pénétrer ma conscience, ça m’a libérée.
Ça m’a libérée d’un poids énorme, comme un pélican qui s’envole de mon être intérieur. J’étais si émue par ce que je venais de vivre et par cette place qui se faisait en moi que j’en ai pleuré pendant de longues minutes, sans pouvoir m’arrêter. Mes douces madré (Ophé & Nath) m’ont enlacées de leur amour, puis m’ont laissée pleurer doucement et silencieusement car elles avaient compris que ce n’était ni de la tristesse ni de la douleur, mais de la libération. Allongée dans la pelouse moelleuse de la rhumerie Depaz, entourée de toutes les alizés, j’ai pleuré, et encore pleuré.
Ça m’a paru une éternité. Quelques minutes plus tôt j’étais quasi déshydratée et voilà que je perdais toute l’eau restante de mon corps par les yeux. Alors je buvais, je pleurais… Puis ça s’est arrêté, je me suis levée, j’ai marché (difficilement). Je me suis rincée à la fontaine, comme une purification. Puis, tout a repris son court, avec ce changement si grand en moi, probablement invisible de l’extérieur.
Le sport c’est la vie
Je crois que c’est un dénominateur commun à toutes les alizés : je leur souhaite d’avoir découvert un territoire auparavant inconnu de leurs propres limites. Car comme a si bien formulé Nathalie (Simon) alias « la madré » dans un touchant discours aux alizés « le sport c’est la vie ».
Le sport nous fait sentir vivant, le sport nous offre la possibilité de repousser nos limites, d’aller en terre inconnue, de partager cela avec nos proches, de nous explorer, de nous découvrir, … de VIVRE !
Alors j’ai peut-être arrêté le (très) haut niveau, mais je ne veux pas arrêter de vivre. Je veux faire, je veux voir, je veux explorer, sans fin.
Après la famille du sport français, en Martinique j’ai découvert la famille des alizés.
Merci à toutes, et à l’univers de m’avoir permis de vivre ça, merci à ophé de m’avoir offert cette opportunité, merci à moi d’avoir saisi cette chance, merci à la vie de pouvoir être si belle.
Namasté.
3 commentaires
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Ségolène - JoPauSe
N’ayant jamais connu l’euphorie du sport de haut niveau, je me suis sentie également à ma place en cet instant, lors de nos arrivées. En te lisant, je comprends enfin ce sur quoi je n’arrivais pas à mettre de mots : les pleurs post épreuves, qui me semblaient aussi durer une éternité. Ils étaient tel un robinet ouvert, sans réussir à s’arrêter.
Merci donc pour tes mots.
Une belle expérience pour nous toutes, je crois bien
Laura
Merci Ségolène, je suis ravie et touchée que mon article te parle et que tu puisses y retrouver un écho en toi. Belle route à toi.