Sport

Ce jour où je me suis sentie exactement là où je voulais être.

On the edge, by Alex Voyer du blog Sink & Swim

Après un titre mondial et européen, des Jeux Olympiques (ndlr Rio 2016), une année migratoire à strasbourg, un diplôme de kiné (pas trouvé dans un kinder), une année de médecine aussi tiens, du repos forcé, du travail et un peu de vraies vacances, me voilà avec mon sac à dos Arena comme une enfant qui fait sa rentrée au CP… J’ai mon cartable, mes maillots et mon bonnet (celui-là il reste !), ma peau de chamois, mes baskets, mon corps à peu près en un morceau pour l’instant et surtout l’envie. Bref, je suis prête ! 

Les jours d’avant

Les jours qui précèdent la reprise, l’appréhension est là, bien sûr ! Toutes sortes de questions se sont bousculées dans ma tête : et si je n’étais pas capable de revenir, si je n’arrivais juste pas à tourner la page, et si je n’y arrivais pas, et si ça se passait mal avec le nouvel entraîneur, et si je recommençais à ne pas dormir, et si je repartais en dépression, et si c’était la mauvaise décision ? Et si… etc. Inévitablement vient le moment où l’effet boule de neige a formé un énorme bonhomme de neige, qu’il est minuit 10 (absolument aucune référence à la Tour Montparnasse Infernale) et que je fixe le plafond – certes orné de très belles moulures – de ma chambre, avec le coeur qui tambourine dans ma poitrine et où deux choix s’offrent à moi : paniquer totalement et partir en crise d’angoisse, ou me raisonner.

La nuit d’avant


Je finis par arriver à me diriger vers la deuxième option… Et si… Ça se passait simplement bien ? Si cette reprise était une réelle renaissance ? Si je recommençais à m’éclater dans ce sport ? … Et si, au lieu de tout mettre en place pour que ça se passe mal, j’essayais cette fois de faire l’inverse : de penser positif ! Parce que j’en ai envie de cette reprise. J’ai muri cette réflexion longtemps, et surtout j’aime profondément ce sport qu’est le plongeon. Le conditionnement mental joue un rôle fondamental sur le déroulement des évènements : en se persuadant qu’on va rater, on va très probablement droit dans le mur. On s’entendra ensuite dire aux autres et à soi-même « je le savais », comme pour se justifier ou montrer que c’était une fatalité.

Si j’essayais plutôt de retrouver mon mental de gagnante en ne pensant pas à tout ce qui pourrait mal tourner, mais plutôt à tout ce qui pourrait arriver de bien ?

Là-dessus, comme par magie je m’endors…

Et si j’essayais plutôt {…} de penser à tout ce qui pourrait arriver de bien ?


L’instant présent

Quelle incroyable sensation que de penser et surtout sentir que l’on se trouve exactement là où on devrait être. C’est ce que j’ai ressenti au cours de ce premier jour de retour à l’entraînement, après 7 mois d’arrêt. 7 mois où je n’ai fait le moindre plongeon, le moindre entraînement avec l’équipe. Pendant un cours instant, alors que j’étais en train de monter et descendre les gradins du stade couvert en faisant toutes sortes de sauts bizarres, je me suis sentie exactement là où je voulais être… Je me suis sentie incroyablement lourde, transpirante aussi, mais comblée. Cette satisfaction s’est répandue dans tout mon corps à partir du moment où je me suis faite cette réflexion, comme si en prendre conscience la généralisait à mon corps tout entier.

Les jours suivants


Les jours qui suivent, ce sont surtout les courbatures que j’ai senties, mais toujours ce plaisir et cette sérénité que j’ai ressentis. Après mes 7 mois d’arrêt  à cause d’un surmenage qui ne faisait que s’aggraver de jour en jour, c’est pour ÇA que j’avais décidé de retourner sur les plongeoirs : pour essayer de ressentir ce bien-être au moins encore une fois. Je ne sais pas combien de temps ça durera, car le quotidien d’un sportif de haut niveau est imprévisible et c’est avant tout une histoire de douleur, de dépassement de soi et de peur (yay !), je ne sais pas de quoi après-demain sera fait, mais je sais qu’aujourd’hui j’ai pris la bonne décision, et que je veux y retourner demain.


Alors même si en surface mon corps n’est que douleur, lourdeur et engourdissement, l’envie retrouvée survivra-t-elle undersurface ? Verdict au fur et à mesures des semaines, mois à venir.

Undersurface, by Alex Voyer du blog Sink & Swim

Athlète de haut niveau et aussi Kiné, je suis parisienne depuis mon entrée à l’INSEP en 2010, lyonnaise de naissance, provençale de coeur, strasbourgeoise d’égarement... Je suis aussi passionnée, sensible & joyeuse, j’adore apprendre, entreprendre, découvrir, et surtout partager !

20 commentaires

  • Bruhat Victoriane

    Bonsoir, je viens de lire votre texte et franchement ça m’a donné des frissons !! J’ai moi aussi du arrêter la natation pendant 6 mois à cause problème de santé et tout ce que vous décrivez (même si je ne suis pas l’étuve de haut niveau) je le ressent aussi. Vous transmettez énormément d’émotion avec vos texte et franchement bravo j’ai qu’une haute c’est de lire les prochains !!! En tout cas un grand bravo à vous pour tout ce que vous faites, je suis vraiment en admiration devant vous et votre sport. Bonne continuation et peut être à un jour. Sportivement Victoriane

    • Laura

      Merci beaucoup Victoriane pour tes mots si touchants ! Je suis ravie si tu as pu ressentir certaines émotions que j’ai voulu transmettre. Je te souhaite d’avoir pu récupérer de ta période d’arrêt et d’avoir pu rebondir ensuite. a très vite sur undersurface.fr 😉

  • Alice

    Tes mots résonnent en moi parce que sans être dans exactement la meme situation je suis confrontée aux mêmes émotions et aux mêmes démons du « je prépare la défaite ». Ca fait tellement du bien de lire ca, surtout n’arrête pas d’écrire 🙂

  • Lauriane Lamperim

    Article très bien écrit qui retranscrit parfaitement les difficultés psychologiques que l’on rencontre dans le sport de haut niveau. Difficultés d’autant plus difficile qu’elles sont invisibles et souvent incomprises. Merci pour ce témoignage Laura.

  • John

    Bonjour Laura,
    Ton article est très touchant, je ne savais pas que tu étais passer par ces phases si dur, du sport de haut niveau.
    En sportif amateur, j’ai connu aussi la blessure et le surentrainement qui impose l’arrêt total à un moment. on se demande si l’envie, les sensations et le niveau reviendra.
    Une chose est sûre, le plaisir doit être le moteur, les résultats suivront ensuite.
    Bonne continuation Laura et longue vie à ton blog 🙏

  • Cordelia Jshm

    Que de belles nouvelles.. ..ca peut en effet se passer bien, mais attention « effet kiss cool » : ça peut même se passer mieux!!
    Je te souhaite le meilleur et si des entraînements ou competes sont ouvertes au public let me know !!
    Bises

  • Madeline

    Félicitations Laura pour ce nouveau projet qui te correspond parfaitement. Tu dévoiles un trait touchant de ta personnalité et tu réussis habillement à mettre des mots sur des émotions difficilement descriptibles ! Bravo ! Longue vie à Undersurface! Et bonne réussite ! On est avec toi!! Amicalement, Madeline

  • Marie Lacroix-Siegel

    Quelle belle idée ce blog Laura, j’ai toujours été admirative de ta force de caractère et en même temps de cette sensibilité, remise en question constante qui rend parfois la vie difficile mais qui fait de toi qui tu es aujourd’hui: une femme accomplie. Tu es un role model pour beaucoup de plongeurs et cette envie de partager tes émotions est d’une grande générositée. Fonce Laura on a hâte de te voir sur les plongeoirs!
    Is this blog also available in English, to reach out to more people?

  • Elize Dulam

    Quel plaisir de decouvrir ce joli blog, tes articles respirent la sensibilité et la sincérité. Belle continuation à toi, j’ai hâte de te revoir à nouveau sur le plongeoir, heureuse et épanouie. Après tout, c’est pour ça qu’on s’entraîne aussi, nan ? 😍😘

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